La théorie de l’oignon ou la dissolution des priorités. 

 

La triste réalité est que la France est la plus mauvaise de l’Europe en termes d’accident mortel du travail ( source : https://ec.europa.eu/eurostat/databrowser/view/sdg_08_60/default/bar?lang=fr

 

Malgré une réglementation fournies avec par exemple les CTN, un code du travail complet, des formations sécurités, des CACES, des vérifications règlementaires obligatoires, un DUERP avec une analyse des risques incluant les RPS, des CSE et CSSCT sécurité, des préventeurs performants, on peut s’interroger sur ce triste résultat.

 

De plus en plus, dans les entreprises, les sujets et les priorités s’empilent sur les équipes principalement sur les managers et les préventeurs.  Sur les sujets uniquement pour la sécurité, le travail du préventeur est de plus en plus complexe. En complément des basiques qui devraient être les risques majeurs, l’analyse des risques, l’analyse des faits accidents avec arbre des causes, les inspections et observations sécurité ainsi que la gestion des plans d’actions, le préventeur doit gérer aussi la QVCT, les TMS avec l’ergonomie, les RPS avec des réseaux de sentinelles, les causes de stress, les maladies professionnelles, la veille réglementaire, les risques chimiques, le bruit, les vibrations, les addictions, le harcélement et une multitude d’autres sujets. D’ailleurs, souvent les préventeurs sont aussi EHS, QHSE, sureté et autres missions comme la RSE par exemple.  Certes tous ces sujets sont essentiels et importants pour l’entreprise mais comment avoir les mêmes niveaux d’exigences pour faire toutes ces taches.

 

Cette dissolution des taches et des priorités conduit à ma théorie de l’oignon. C’est-à-dire que le préventeur mais aussi l’entreprise perd la notion du risque majeur par l’empilage des sujets et des actions.  L’entreprise ainsi que le préventeur oublie que la priorité absolue est de ne pas avoir d’accident mortel.

 

De plus, si la France est la plus mauvaise avec 3,5 morts pour 100 000 travailleurs, on peut traduire concrètement le taux par exemple pour une entreprise de 600 personnes, à une fréquence d’accident mortel tous les 45 ans environ avec cependant beaucoup de disparité en fonction du type d’activités. Donc cela produit une perte collective de mémoire et donc une dissolution de conscience que l’accident mortel peut arriver chaque jour.

 

Que faire? 

 

Le fameux « Back to basic and keep it simple!” 

 

Il faut toujours revenir à l’essentiel : répéter, répéter et répéter encore sur les risques majeurs.  C’est surement parfois ingrat mais quelle satisfaction pour un préventeur d’avoir sauvé la vie à un de ces collègues.