Comment les préventeurs manient-ils l’argument financier pour convaincre les directions ?

 

 

 

Pour donner suite à l’entretien de presqu’une heure avec Pauline Chambost, je tenais à apporter quelques compléments.  Je comprends parfaitement le travail journalistique qui est normal et légitime avec l’obligation de faire des phrases « chocs » et de devoir résumer les propos. D’ailleurs je remercie grandement Pauline pour son travail et la qualité de l’échange que nous avons eu. 

 

Je vais donc développer ma pensée sur le sujet de l’approche « argument financier » dans la conviction des directions.

 

Je ne critique nullement les arguments avancés par les préventeurs mais si je prends cet exemple : 

Avec certains directeurs, il est plus facile de parler chiffres que bien-être », constate par exemple une ingénieure HSE et risques industriels d’un grand groupe. « Quand on veut convaincre la direction, c’est toujours plus facile de parler d’argent », abonde Nordine Bekhti, responsable HSE dans la logistique.« On l’utilise surtout pour justifier l’achat de matériel. Par exemple, en ce moment, on essaie d’équiper les livreurs de diables électriques. J’explique aux directeurs de magasins qu’il faut moins d’un an pour les rentabiliser, notamment parce que cela évite de mobiliser deux équipes de livreurs », raconte le responsable HST d’une enseigne d’électroménager.

 

L’investissement sera fait pour des aspects de productivité ou les conditions ergonomiques ? 

Pensez-vous que la direction est vraiment impliquée dans la sécurité et la qualité de vie des opérateurs pour être obligé de passer par un argument économique de productivité ?

Pensez-vous que si la productivité n’était pas réalisée, l’investissement de ces diables électriques serait réalisé ?

 

De plus, je vous fais grâce des calculs totalement artificiel de rentabilité qu’il faut ou faudrait faire pour avancer un argument économique avec un pay-back potentiel. 

 

Est-il possible de résumer la sécurité à un argument financier ?

Pensez-vous que la baisse de votre taux de cotisation soit équivalent à un accident, une amputation ou bien la vie d’une personne ?

Pensez-vous que l’on peut mettre en balance les conséquences d’un accident mortel sur une famille, un ou une épouse, des enfants, des amis, des collègues avec une réduction de coûts ?

 

Lorsque l’on parle de leadership et d’exemplarité des managers et donc bien évidemment de vos directions respectives, pensez-vous qu’ils ne considèrent que les collaborateurs comme des coûts et que leurs vies peuvent être provisionnées en cas d’accident ?

 

Ma phrase « Un accident du travail c’est entre 30 000 et 50 000 euros. Un décès, entre 500 000 euros et un million d’euros. Pour une grosse entreprise, ce n’est pas grand-chose. Elle provisionne et attend le suivant » était volontairement provocatrice.  

 

Si votre compagnie fonctionne comme cela, fuyez là !  Elle ne vous respecte pas ni sur la sécurité mais aussi sur les autres sujets. 

 

En 2022, la sécurité doit être une valeur partagée par l’entreprise mais aussi par l’ensemble des managers et principalement par le top management. 

 

 

A vous lire

 

Franck 

 

Article original : https://https://www.editions-legislatives.fr/actualite/comment-les-preventeurs-manient-ils-largument-financier-pour-convaincre-les-directions?utm_medium=social&utm_campaign=boutique&utm_content=actuELHSE